Pierre Chemin, réalisateur et conseiller en communication à Média Animation, est avant tout un "papa musicien" qui s’est passionné pour la musique et la créativité avec les tout-petits. Son dernier album « Le Jouet Musical » est dans les bacs depuis le 1er décembre.
Quand avez-vous eu cette idée d’un CD avec des instruments-jouets ?
C’est une idée qui est venue petit à petit. Je suis un curieux de nature et quand je suis sur une brocante et que je vois quelque chose d’intéressant, je donne 50 cents et puis je l’emporte. Les instruments-jouets en font partie. Depuis que mes enfants sont tous petits, je fais de la musique avec eux. Maintenant, ils sont musiciens professionnels ou amateurs sérieux. On s’est pris au jeu de faire des petites musiques sur ces instruments pour jouer ensemble. Et petit à petit, j’ai commencé à combiner des instruments, à inventer des musiques. Et puis un jour je me suis dit : "Tiens, on pourrait faire un CD avec ça !"
Presque tous les musiciens font partie du groupe « Muziek de Singes ». Etait-ce un choix ?
Mon principe a toujours été de jouer avec des musiciens que je connaissais. Mon fils, Martin, qui est percussionniste professionnel joue dans ce groupe. Il a d’abord accepté de faire les percussions puis j’ai demandé à Martin Kersten (souffleur, saxophoniste) s’il ne voulait pas participer, il a de beaux phrasés et une inventivité musicale. Il nous fallait ensuite un bassiste et assez rapidement on s’est dit qu’au fond, si on prenait des musiciens qui ont envie de jouer ensemble, peut-être qu’alors on pourra faire des concerts… On a tous vraiment joué le jeu, on ne fait pas de la musique savante avec des partitions, c’est de la musique vivante où chacun vient avec ses compétences techniques et son inventivité.
Pourquoi faire des concerts cette fois-ci et non pas avec vos autres albums ?
Sur mon premier disque, « Le Cordon Musical », il y a 27 musiciens et tellement d’instruments différents que c’était quasiment impossible de monter un concert. C’est un disque où la musique est écrite, certains musiciens ne se sont même pas vus. Personne n’aurait pu acheter un spectacle comme celui-là. Tandis qu’ici nous ne sommes que cinq musiciens et moi-même. Là, c’est tout à fait jouable !
Avez-vous des dates de concerts de prévues ?
On a un concert prévu lors de « Pâques en Musique » et il y en aura peut-être un lors du lancement du CD en France, en février. Cela fonctionne surtout par bouche-à-oreille… Et ça a l’air bien parti en tout cas !
Qu’allez-vous faire de tous ces instruments récoltés au fils des mois ?
Quand on explore des choses comme le jouet musical, c’est une richesse extraordinaire parce qu’il y a des instruments en plastique reçus dans des fast-food mais aussi des petits pianos de gosses bourgeois datant des années 30. J’ai donc une collection qui dépasse les 500 instruments, certains valent 1000 euros et d’autres m’ont été donnés ou ont été ramassés. Au Sénégal, par exemple, les kembo sont des petites fèves que les enfants utilisent comme des maracas. Il y a dans cette exposition environ 200 instruments qui représentent une gamme extrêmement large et c’est tout à fait passionnant de parler de ça. Mon métier c’est plutôt communicateur, je crois que je suis un communicateur et un créatif !
Le Jouet musical utilise de nombreux instruments du monde et nous invite au voyage. La découverte des cultures musicales est-elle essentielle à vos yeux ?
C’est un peu mon dada. Sur ce disque-ci, il y a une suite qui s’appelle la « Suite des Villages », je me suis amusé à jouer à « je suis chinois, j’habite dans un village chinois et je vais faire de la musique chinoise ou bien je suis brésilien et j’habite dans une favela et je vais faire de la musique brésilienne ». Évidemment, on est un peu dans les stéréotypes, au Brésil tout le monde ne fait pas de la samba reggae, ici nous on en a fait ! Malgré tout c’est normal, quand on joue à la dînette, on joue à faire du thé et non pas à inventer une nouvelle recette. On est donc dans des choses un peu plus basiques mais je trouve ça extraordinaire ! Il y a une ouverture au monde qui se fait par le jeu, par la musique. Sur tous les Cordons, j’avais fait une suite qui s’appelle « Si tu étais né autre part, tu aurais une autre histoire » et je trouve que c’est une question très interpellante. En effet, si j’étais né à Tanger, je n’aurais pas entendu la même chose, je n’aurais pas eu les mêmes berceuses, je n’aurais pas entendu la même musique à la radio, je n’aurais pas eu les mêmes instruments à l’Académie,… Ça nous aide peut-être à comprendre que l’autre, s’il est différent c’est parce qu’il est né autre part et que nous on aurait pu naître cet autre.
Au cours de la réalisation du cd, avez-vous découvert des sonorités ou des instruments qui vous étaient alors inconnus ?
Plein de découvertes, surtout des sons ! Certains jouets ont la forme d’un piano mais ne sonnent pas comme tel : ça créait des surprises ! Puis certains instruments sont des invitations à écrire pour eux. J’ai des petits pianos chinois sur lesquels j’ai composé une musique et quand je tentais de la jouer sur un autre instrument ça ne sonnait pas si bien. Les instruments ont leur logique, leurs harmoniques et leurs manières de sonner. Ils invitent à ne pas jouer du déjà existant !
Avez-vous un conseil à donner aux parents pour choisir un bon instrument jouet ?
En premier lieu, je dirais que les instruments à percussions, quand ils ne font pas trop de bruit, sont très chouette parce qu’ils permettent de jouer ensemble. Les premiers instruments utilisés sont d’ailleurs les hochets. Pour les autres instruments : que ce soit des pianos, xylophones, flûtes, saxophones,… C’est important de les tester quand on va en magasin car certains sont justes mais d’autres le sont moins… Il faut se méfier, il n’existe pas vraiment de normes de qualité et de justesse des instruments jouets. Et en dernier lieu, il faut aussi savoir que quand on veut jouer à plusieurs instruments ensemble, il faut faire attention car les instruments ne sont pas toujours justes entre eux.
Marie Grailet, Media Animation, le 29/11/2010.